Le but de cette entrevue est de rappeler à l’enfant qu’il peut avoir des difficultés dans certains domaines à l’école mais quand même être capable de réussir dans d’autres domaines de la vie avec facilité.  Ce n’est pas tout noir ou tout blanc.  Il doit s’apercevoir de ce fait et vraiment en prendre conscience:  il peut être aussi bon sinon meilleur que les autres enfants dans une autre sphère d’activités.  Il faut se débarrasser des oeillères académiques pour découvrir les dons, les talents, les capacités et les possibilités que tous les enfants possèdent et ainsi arriver à les mettre à profit.

La semaine passée, j’ai rencontré mes élèves pour la rédaction de leur PIA.  J’aime beaucoup faire ces rencontres qui me permettent de discuter avec l’enfant (le principal intéressé) de ses talents, de ses difficultés et de ses buts, ce qu’il voudrait être capable de faire.  Je trouve qu’il est très intéressant de voir comment l’enfant se perçoit. C’est beaucoup plus complet et enrichissant que le regard limité au domaine scolaire que je peux poser.  L’entrevue se déroule comme suit:

  1. Je commence par demander à l’enfant ce qu’il est capable de faire.  Dans quel domaine, il sait qu’il est très bon, ce qui est facile à faire pour lui.  Et j’élargis toujours les horizons en lui parlant de la maison (Que peut-il faire chez lui?), de l’éducation physique (Dans quels sports, il se sent bon?), des arts plastiques, des jeux après l’école, etc.  Il y a toujours un domaine à quelque part où l’enfant peut performer.  Alors, nous discutons des ses talents.  La première fois que l’élève vit cette entrevue, il ne sait pas trop quoi dire.  Il n’est pas habitué de parler de ses talents ou de ses capacités.  Manque de confiance en soi?  Possiblement.  La deuxième fois, il comprend mieux ce que l’on cherche et il se sent plus à l’aise de parler de ses forces.  Peut-être parce qu’il en a pris conscience à la première rencontre.

  2. Nous continuons l’entrevue en parlant de ses difficultés.  Qu’est-ce qui est difficile à faire pour lui?  Est-ce qu’il y a des tâches plus compliquées à faire à l’école, à la maison?  Dans quel domaine, il a besoin d’aide?  À quelles occasions demande-t-il de l’aide à quelqu’un?  Nous prenons des exemples dans la classe ou dans la cour d’école.  Nous discutons de situations que ce sont produites réellement à l’école ou à la maison. 

  3. Pour terminer, nous parlons ensemble de ce qu’il voudrait être capable de faire.  Quels sont ses buts?  Pourquoi vient-il à l’école?  Qu’a-t-il le goût d’apprendre?  Qu’est-ce qu’il s’imagine être en mesure de faire à la fin de l’année scolaire?  Qu’est-ce qu’il aimerait réussir?  Autant de questions pour nous aider à bien cerner les visées que l’enfant peut se choisir.  Il se retrouve maintenant au centre de ses apprentissages.  C’est vraiment lui qui peut savoir ce qu’il veut apprendre. 

Il y a beaucoup d’avantages à procéder ainsi: 

  1. On se retrouve devant un portrait plus complet de l’élève.  Justement, un plan d’intervention qui a été rempli avec l’enfant fait souvent sourire le parent parce qu’il reconnaît bien là son fils ou sa fille.
  2. L’enfant prend conscience de ses forces et de ses faiblesses.
  3. On s’aperçoit qu’il y a plus chez un enfant que les deux dimensions du domaine scolaire.
  4. Il y a un transfert de pouvoir:  je lui dis qu’"il" a le pouvoir de faire quelque chose et que j’y crois.  Sinon, pourquoi parler de lui?  Je suis là pour l’aider mais il doit lui aussi y croire.
  5. On peut partir de ses réussites pour gagner de la confiance en soi.  – Si tu arrives à faire cela, tu peux aussi t’améliorer dans "ce" domaine.

Autant que faire se peut, il faudrait éviter de remplir le plan tout seul sans avoir consulté le principal intéressé.   Combien de plans j’ai fait signer au début de ma carrière à des enfants qui ne se sentaient pas impliqués!  Les règles ont changé:  est révolu le temps de l’école qui impose un savoir défini à des "apprenants", c’est l’élève maintenant qui choisit ses apprentissages en fonction de ses forces, ses intérêts et ses faiblesses.  La crise est là: l’institution avec son savoir réglementé, contrôlé et standardisé VS le savoir disponible en ligne vivant, répondant au style de l’apprenant, captivant parce que choisi par ce dernier.