L’éducation aux médias

Catégorie : Pour les orthopédagogues Page 1 of 3

Correspondre avec les élèves : le lien

Projet d’intégration des TIC

J’entretiens une correspondance avec plusieurs élèves depuis six semaines maintenant. Avec certains, le rythme est plus soutenu et se fait à raison de deux messages par semaine environ. Pour d’autres, les messages arrivent dans un délai de 8 ou 9 jours.

Les premiers messages m’ont permis de constater l’inquiétude des parents face à cet arrêt de l’école et la « joie » des enfants de me retrouver. J’étais content de voir que les parents étaient soulagés de pouvoir compter sur mon aide. Je me suis donc entendu avec eux sur la façon de faire mes interventions au niveau de l’écriture. Je leur ai aussi dit que, par la suite, j’essayerais d’offrir du soutien en mathématique en utilisant le bloc-notes de classe dans OneNote. Cependant, il y aurait un délai pour utiliser le bloc-notes car je connaissais peu ce logiciel. Je regardais des tutoriels et je découvrais lentement les grandes capacités de OneNote. J’y reviendrai d’ailleurs prochainement.

Je savais, pour l’avoir vécu il y a de nombreuses années, qu’il pouvait être intéressant de travailler l’écriture, tout en expédiant des messages à quelqu’un. À l’époque, j’avais une classe de 5e année régulière et nous participions au projet « Village Prologue ». C’était au tout début de l’Internet et des e-mails (le mot « courriel » n’avait pas encore été proposé pour remplacer le terme anglais.). Pour faire une histoire courte, ce projet d’intégration des TIC permettait aux enfants de correspondre avec un personnage qui vivait dans une seigneurie au 19e siècle. Les tâches d’écriture étaient signifiantes car il y avait un véritable destinataire.

De retour au contexte d’aujourd’hui et au-delà du destinataire signifiant, il y avait également l’enjeu de rétablir le lien significatif. Certains enfants m’ont fait part de leurs craintes face à la situation incertaine que nous vivons. D’autres m’ont mentionné très honnêtement qu’ils étaient contents de ne plus aller à l’école grâce au COVID-19, mais qu’ils s’ennuyaient de leurs amis. Puis, quelques-uns s’inquiétaient de ne pas pouvoir passer Pâques avec leurs grands-parents. J’ai réagi du mieux que j’ai pu à chaque confidence en restant attentif à ce que les jeunes ressentaient sans jugement et sans être moralisateur non plus, le but étant de les accueillir dans leur détresse ou leur peine.

À certains, j’ai confirmé qu’ils agissaient de la bonne façon en évitant de voir leurs êtres chers car cela les protégeait. Respecter les consignes de la direction de la santé publique est une question de civisme et de bon « vivre ensemble » que j’ai expliqué. À d’autres, j’ai proposé d’envoyer un petit message et un dessin à des amis ou à ceux qui leur manquent. J’ai aussi mis certains élèves en contact en échangeant leurs adresses de courriel en obtenant leur accord et celui de leurs parents.

Puis, au fil des messages, certains d’entre eux se sont sentis assez en confiance pour me montrer leurs dessins et leurs peintures, m’expliquer leur passion pour le surf ou la musique. J’ai reçu des directives pour apprendre à faire de la peinture gonflable ou d’autres bricolages.

Je me suis senti privilégié de partager tout cela avec eux. Je les ai vus sous un nouveau jour. J’ai même cru entrevoir les adultes qu’ils vont ou qu’ils peuvent devenir.

Quand les autorités ont parlé de l’importance de garder un lien avec les élèves pour leur bien-être, je savais exactement ce qu’on voulait dire. Depuis ce temps, je réfléchis ou plutôt, je suis retourné à certaines réflexions que j’avais quand j’ai débuté l’écriture de ce blogue. Le combat entre deux concepts : l’École comme institution qui forme les gens selon une connaissance de base pré-établie et l’Individualité d’un talent qui fait que chacun est unique. Entre les deux, l’intégration des TIC en éducation pour alléger ce combat et faciliter l’entrée dans le cadre scolaire.

En cette période éprouvante où tout est mis sens dessus dessous, je suis presque certain que plusieurs parents et une multitude d’enfants se posent des questions sur l’école. Les enfants de leur côté se demandent s’ils veulent vraiment y retourner. Ou encore si c’est assez motivant de penser qu’on veut y aller pour revoir nos ami(e)s. Ou bien si ce n’était pas mieux de travailler de la maison à son propre rythme. Les parents, eux, posent dans la balance, d’un côté la sécurité et la santé, puis de l’autre le développement des enfants et leurs apprentissages. Où va pencher la balance?

Ma proposition aux parents

Une émoticône du code de révision

Après avoir été déstabilisé pendant la première semaine de fermeture, je me suis ressaisi et j’ai décidé de proposer quelque chose aux parents à qui j’écris régulièrement depuis septembre.

J’ai pensé à différentes activités à faire en ligne. J’ai réfléchi aux interventions qu’il m’était possible de faire. Et j’en suis venu à la conclusion que l’écriture était un bon levier. Je me suis rappelé de certains outils que j’ai présentés sur ce blogue en 2007 comme mon code de correction. Dans ce billet, j’expliquais comment j’allais aider mes nouveaux élèves à apprendre le code de correction pour qu’ils arrivent à écrire un texte directement à l’ordinateur.

Alors, comme première activité, j’ai proposé aux parents de débuter une correspondance avec leurs enfants. C’était l’activité pédagogique qui, à mon avis, me permettait le plus d’enseigner quelque chose à distance.

J’ai mentionné aux parents de ne pas corriger les messages avant de me les envoyer. Pour que mon intervention fonctionne correctement, je voulais pouvoir faire la révision du texte des enfants moi-même et, par la même occasion, leur faire de petits commentaires en guise de rétroaction.

La rétroaction est l’élément le plus important de mon intervention à distance. En réagissant à leur texte, je suis en mesure de les guider dans leur correction. Je peux aussi faire des suggestions au niveau du contenu et de la structure de phrase. Je peux également m’ajuster aux capacités des enfants et éviter qu’ils aient à corriger des fautes qui ne sont pas de leur niveau académique. Les parents ne sont pas outillés pour faire cette différenciation. On ne demande pas à un élève de 3e année de corriger son texte avec les mêmes capacités qu’un élève de 6e année.

La réponse des parents est venue assez rapidement et je dois dire que ma proposition a été accueillie très positivement.

J’entretiens donc cette correspondance avec environ vingt élèves depuis cinq semaines. Je vous parle des bénéfices dans mon prochain billet.

Correspondre avec les parents

Des milliers d’enseignants vont bientôt ou ont déjà commencé à prendre contact avec les parents de leurs élèves.

J’entretiens une correspondance assez soutenue avec les parents de mes élèves depuis 2011. Au fil des ans, j’ai développé une manière de fonctionner qui pourrait probablement aider les gens dans le cas qui nous intéresse.

Avant de débuter les échanges de courriels avec les parents, j’envoie toujours mon premier message d’introduction qui sert à mettre « les choses » au clair.

Le modèle que je vais vous présenter ici peut être modifié selon votre situation, bien entendu. Je trouve que le fait d’énoncer des règles précises aide à établir un meilleur contact avec les parents. De cette façon, il n’y a pas de malentendus. Il n’y a pas de fausses attentes. Il faut éviter que chaque parent crée son propre fonctionnement car vous serez incapable de répondre aux demandes particulières de tous « vos » parents.

J’ai ajouté des commentaires entre parenthèses pour expliquer certaines phrases. Les mots qui ne sont pas en italique sont à modifier selon votre situation personnelle. Le message le plus important à passer, à mon avis, est le fait qu’il s’agit d’une proposition. Vous leur proposez un service que vous allez piloter à votre façon selon vos disponibilités. Vous êtes en charge du déroulement des échanges comme vous l’êtes également dans votre classe.

Modèle de message:

Bonjour madame….. ou monsieur …..,
Je me nomme
Prénom Nom.  Je suis orthopédagogue à l’école Nom.  J’aurai le plaisir de travailler avec Prénom Nom de l’enfant.  Je communiquerai avec vous à chaque semaine pour vous tenir informés des défis et des progrès de votre enfant. (Cette phrase serait à modifier puisqu’elle ne tient pas compte de la situation actuelle. L’important ici, c’est de proposer aux parents ce que vous êtes prêts ou prêtes à faire pour vos élèves selon votre situation à la maison et selon ce qu’il sera possible de faire comme « enseignement à distance ». Dans un prochain billet, je vais vous expliquer ce que j’ai décidé de proposer comme activité pédagogique.)


Pour faciliter l’utilisation de ce service, je vous propose quelques règles de bonne étiquette à établir entre nous.

1-     Votre adresse courriel est confidentielle.  Je vous assure que je ne la transmettrai à personne.  Elle sera conservée dans mes dossiers professionnels.   

2-    Chaque message vous sera envoyé personnellement; il n’y aura aucun message envoyé à tous en même temps. Il portera le titre de  « Suivi en orthopédagogie» ou « Suivi scolaire ». (Vous pouvez utiliser le titre qui vous semble approprié. Il est important d’avoir un titre qui identifie le message. )  Pour favoriser un meilleur suivi entre les intervenants, une copie des messages pourrait être envoyée à l’enseignant de Prénom Nom de l’enfant. (Cette phrase peut être inversée si c’est l’enseignant qui prévoit envoyer une copie du message à l’orthopédagogue ou à un autre intervenant qui offre un soutien à l’élève concerné.)

3-    Je vous écrirai pendant les heures d’ouverture de l’école seulement.  Donc, je vous répondrai également pendant ces mêmes heures.  Il en va de même pour vous, je ne m’attendrai pas à une réponse immédiate de votre part non plus.  « Vous pouvez laisser passer la fin de semaine avant de me répondre. Cela ne m’inquiètera pas. » (Il est important de fixer des limites claires et précises. Les parents ne vous « reprocheront » pas de ne pas répondre immédiatement aux messages qu’ils vous ont envoyés à 22h30.Vous pouvez aussi donner un délai de deux jours avant de répondre. Tout dépend de ce que vous êtes capable de donner d’offrir comme temps.)

4-   Je m’adresserai à vous dans un langage correct et courtois, mais je vous dirai exactement ce qui en est des progrès ou des difficultés de votre enfant.  Ainsi, vous aurez un portrait authentique des défis qu’il rencontre et du chemin qu’il fait. (Je reviendrai sur ce point dans un autre billet concernant le contenu des messages envoyés aux parents. Je pense qu’il est important de leur annoncer de quoi nous allons discuter. Dans la situation présente, cela sera probablement un échange d’activités à faire en ligne.)

5-   Comme j’utiliserai un langage poli et courtois, je m’attends à la même chose de votre part.  Les courriels qui ne respecteront pas cette règle de base en « nettiquette » vous seront retournés avec la mention « à revoir s’il-vous-plaît ». (Je n’ai jamais eu à le faire en 9 ans. Je sais que cette phrase fait un peu sourire les gens. Je l’emploie car je trouve qu’elle sous-entend que j’ai le contrôle de l’échange.)

Je sais que ce service de communication vous permettra de bien suivre le cheminement de votre enfant et nous permettra de l’aider à progresser et à s’épanouir.  L’important est de bien soutenir votre enfant dans ses apprentissages.  Et c’est ce que nous ferons au mieux de nos capacités. (Selon la situation actuelle, l’important est davantage de sécuriser les enfants du primaire. À mon avis, le soutien au niveau des apprentissages est plutôt limité à distance.)

En terminant, je vous demande SVP de répondre à ce message pour me permettre de vérifier qu’il n’y a aucune erreur dans votre adresse et que je communique bien avec la bonne personne.  En répondant, vous acceptez de vous conformer aux 5 règles ci-haut mentionnées. Si vous recevez ce courriel par erreur, m’en aviser SVP.

Formule de salutations à votre choix,

Signature

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